Violence conjugale: mieux la cerner


Même si elle est moins taboue que par le passé, la violence conjugale demeure un sujet délicat. Pourtant, elle concerne tout le monde.

Les types de violence

Quand on entend le mot violence, on pense tout de suite à des scènes de cris, de coups et de blessures physiques. Il y a de cela… mais il y a beaucoup plus que cela. Environ 25% des Canadiennes ont connu ou connaissent actuellement un ou plusieurs des types de violence suivants.

Violence physique

La plus connue et la plus mĂ©diatisĂ©e: gifles, bousculades, morsures, brĂ»lures, coups de pieds ou coups avec un objet, tentatives d’immobilisation de la victime, etc. Quand cette violence fait la une des journaux, c’est qu’elle s’est souvent rendue jusqu’Ă  l’homicide. On parlera alors de «drame conjugal» ou de «drame passionnel»,lui donnant presque un air romantique…

Violence psychologique

Subtile et difficile Ă  dĂ©tecter, tant par la victime que par son entourage, souvent prĂ©sente au tout dĂ©but d’une relation, la violence psychologique s’infiltre si sournoisement qu’il est difficile de la voir venir. DĂ©valorisation de l’autre, chantage, humiliation, contrĂ´le relationnel plus ou moins flagrant, attitudes mĂ©prisantes, bris des biens de la partenaire, cruautĂ© envers son animal de compagnie…

Violence verbale

DĂ©coulant souvent de la violence psychologique, la violence verbale est la plus banalisĂ©e d’entres toutes. Plusieurs personnes l’excusent facilement, se disant que tout le monde a droit Ă  des sautes d’humeur, Ă  des «mots qui dĂ©passent la pensĂ©e». Pourtant, les sarcasmes et les insultes rĂ©currents, les ordres donnĂ©s et souvent hurlĂ©s, les menaces, etc. ne sont pas des comportements sains et aimants. Ils sont nocifs dans une relation de couple comme dans toute relation.

Violence sexuelle

On ne peut plus taboue, la violence sexuelle est plus frĂ©quente qu’on le pense. De plus, encore aujourd’hui, certaines personnes croient que le viol ne peut exister entre conjoints! (D’ailleurs, le viol conjugal est reconnu comme un acte criminel seulement depuis 1983). En plus des relations sexuelles forcĂ©es, il y a l’imposition d’actes sexuels qui rebutent, les attouchements, le harcèlement, la brutalitĂ© pendant l’acte…

Violence Ă©conomique

La surveillance constante des dĂ©penses de l’autre, le refus de payer sa part, l’installation d’une dĂ©pendance financière… VoilĂ  quelques façons dont s’exprime la violence Ă©conomique. Cela peut aller jusqu’Ă  obliger l’autre Ă  dĂ©poser ses chèques dans le compte de l’agresseur, comme Ă  de multiples tactiques pour que la partenaire perde carrĂ©ment son emploi. C’est une violence très rĂ©pandue, mais aussi très mĂ©connue.
Violence spirituelle
Peut-ĂŞtre celle Ă  laquelle on pense le moins. Pourtant, dĂ©nigrer sans cesse les croyances de l’autre, contrĂ´ler ses pratiques religieuses ou l’obliger Ă  adhĂ©rer Ă  un groupe ou Ă  des pratiques contre son grĂ© est une forme pernicieuse de violence.

Conséquences de la violence conjugale

Les victimes de violence conjugale subissent de multiples consĂ©quences. Blessures physiques et psychologiques, problèmes de santĂ© chroniques, syndrome de stress post-traumatique, isolement social, perte d’emploi, fuite dans l’alcool et les drogues et… mortalitĂ©.

Les enfants dans tout ça?

Les enfants tĂ©moins de violence conjugale ont souvent des troubles comportementaux et affectifs similaires Ă  ceux qui ont eux-mĂŞmes subi des sĂ©vices physiques. Stress post-traumatique, cauchemars, agressivitĂ©, isolement, envies suicidaires, reproduction du comportement de l’agresseur ou de la victime, dĂ©crochage scolaire, difficultĂ©s d’apprentissage, fuites dans les psychotropes etc. et ils risquent aussi d’ĂŞtre blessĂ©s physiquement.

Le parent victime de violence se rassure donc faussement lorsqu’il se dit que «les enfants, au moins, ne sont pas violentĂ©s». Ils le sont, par ricochet (et probablement le sont-ils de toute façon verbalement, psychologiquement, etc.).

Pourquoi les victimes restent-elles?

La question spontanĂ©e de la majoritĂ© des gens lorsqu’on parle de violence conjugale: «Mais pourquoi restent-elles lĂ -bas?» Certains se diront mĂŞme que ce n’est «pas si pire que ça» si elles continuent Ă  endurer. D’autres iront jusqu’Ă  dire «qu’elles aiment ça», ou alors que les victimes ne sont pas rĂ©ellement des victimes… Les victimes elles-mĂŞmes ont souvent du mal Ă  exprimer le pourquoi de la chose.

Pour tenter de comprendre le processus complexe qui garde la victime dans une relation malsaine et dangereuse, il est bon de se pencher sur le cycle de la violence. Gardons aussi en tête que la majorité des relations amoureuses commencent sur un petit nuage rose. Dans une relation violente, à plus ou moins court terme, arrive le fameux cycle qui, telle une roue, revient toujours à son point de départ.
Sommairement, il se définit ainsi:
1- Une période de tension, que la personne aux comportements violents, par des paroles ou ses attitudes, impute à la personne victime. Celle-ci «marche sur des oeufs», craignant toujours de gaffer.
2- La crise, le passage Ă  l’acte. On dit souvent – et faussement – que l’agresseur «perd les pĂ©dales».
3- La justification. L’agresseur trouve des raisons Ă  ses gestes violents… des raisons qui rendent la personne victime responsable…
4- La lune de miel. Plein de remords, l’agresseur s’excuse, dorlote, offre des cadeaux. La personne victime retrouve son partenaire du dĂ©but de relation et se met Ă  espĂ©rer que c’est pour de bon.

La roue tourne. Les tensions se rĂ©installent, la victime a de moins en moins d’estime personnelle, elle est de plus en plus isolĂ©e, Ă©reintĂ©e, souvent appauvrie. De plus, bon nombre de personnes ont du mal Ă  s’accepter comme victimes. Alors qu’on admet facilement avoir Ă©tĂ© victime d’un accident de la route, il en est autrement quand il s’agit de vie conjugale. Aussi, le mythe voulant que la violence soit une perte de contrĂ´le alors qu’elle est en fait une prise de contrĂ´le persiste chez plusieurs. Tout cela est très Ă©tourdissant quand on est «en plein dedans». C’est un autre cercle, celui de l’impuissance. La personne victime est consciente qu’il faut trouver une solution, mais la culpabilitĂ© et la honte peuvent l’empĂŞcher de demander de l’aide adĂ©quate.

Thérapies pour hommes aux comportements violents

Un des grands espoirs des victimes, lorsqu’elles commencent Ă  se dire que le problème ne vient pas nĂ©cessairement d’elles, est que les thĂ©rapies peuvent changer l’autre.
Dans les faits, certains hommes violents peuvent changer. Encore faut-il qu’ils dĂ©cident par eux-mĂŞmes de suivre la dite thĂ©rapie et qu’ils ne le fassent pour eux. Pour faire une dĂ©marche, il faut reconnaĂ®tre avoir un problème de comportements violents et la motivation nĂ©cessaire pour changer ses comportements.  Le changement est intrinsèque Ă  chaque personne, voilĂ  pourquoi certaines personnes vont faire de grands changements alors que d’autres vont faire une dĂ©marche de thĂ©rapie minimale, voire dĂ©cevante. Accroc peut aider ces hommes,  si vous ĂŞtes dans une autre rĂ©gion vous pouvez trouver une ressource via Ă  coeur d’homme

Dans tous les cas on recommande aux victimes d’aller chercher de l’aide pour elle, car la violence a beaucoup d’impacts sur les victimes.

Ressources pour les victimes

Même si les victimes se pensent souvent très seules et dépourvues, il existe un réseau pour elles. Dans chaque région du Québec, il y a des ressources pour les aider sans les juger. Si vous êtes victime de violence, vous pouvez recevoir du soutien, et ce, en toute confidentialité, que vous soyez prête ou non à quitter votre conjoint. Vingt-quatre heures par jour, il est possible de parler à un intervenant de S.O.S Violence conjugale (1 800 363-9010).

Les CLSC offrent Ă©galement du soutien et des thĂ©rapies. Vous pouvez vous prĂ©senter sans rendez-vous Ă  l’accueil et demander Ă  rencontrer un travailleur social.

Vous pouvez aussi consulter le site de C.A.V.A.C.

Si vous vous sentez prĂŞte Ă  quitter votre milieu de violence, de nombreux centres d’hĂ©bergement peuvent vous accueillir. Les ressources ci-dessus vous orienteront vers le centre le plus près de chez vous.

Pas encore prête à en parler de vive voix? De nombreux sites et forums de discussion sont accessibles via Internet, dont un des forums de psychomédia.

Source: Mylen Vigneault , 20 août 2007, http://www.coupdepouce.com/bien-dans-ma-tete/couple/violence-conjugale-mieux-la-cerner/a/18571

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