Enfant hyperactif : comprendre, accepter et agir!


Le terme « hyperactif » est aujourd’hui souvent employĂ© Ă  toutes les sauces, mais ce n’est pas un hasard. Le diagnostic et le traitement de ce trouble qui affecte la vie de 5 % d’enfants et de 4 % d’adultes sont apparus comme une bouĂ©e de sauvetage dans la vie des individus touchĂ©s.

Ce n’est pas d’hier que les gens sont atteints d’hyperactivitĂ©. Le trouble n’Ă©tait tout simplement pas dĂ©tectĂ©; plusieurs personnes affectĂ©es ont vĂ©cu dans la souffrance, ont dĂ» conjuguer avec un sentiment de faible estime de soi, ne comprenant pas Ă  quoi Ă©tait due leur diffĂ©rence.

Qu’est-ce que le TDAH?

L’hyperactivitĂ© est un problème neurologique qui entraĂ®ne des difficultĂ©s Ă  contrĂ´ler et Ă  freiner les idĂ©es (inattention), les gestes (bougeotte physique) et les comportements (impulsivitĂ©). C’est un mauvais fonctionnement des zones responsables du contrĂ´le ou de l’inhibition de certains comportements.

Petit truc pour Ă©valuer la durĂ©e d’attention

SauvĂ© (2007) donne aussi un petit truc pour savoir si la durĂ©e d’attention de notre jeune enfant est dans la normale pour son âge. On peut calculer environ 5 minutes de concentration par annĂ©e d’âge.
– À 2 ans, l’enfant peut se concentrer sur un jeu (livre, casse-tĂŞte, coloriage, etc.) environ 10 minutes.
– À 3 ans,  15 min.
– À  4 ans environ 20 minutes.
Ă€ ce jeune âge, on peut aider l’enfant Ă  se concentrer en commençant par de courtes pĂ©riodes de jeux simples, comme regarder un livre et augmenter graduellement la durĂ©e et la complexitĂ© (coloriage, jeu de blocs, jeu de sociĂ©tĂ© simple).

Les causes physiologiques

Le cerveau des gens atteints présente de subtiles différences anatomiques et les études en imagerie cérébrale ont mis en évidence un fonctionnement différent de plusieurs zones cérébrales. La génétique est impliquée dans environ 75 % des cas. Le problème se situe au niveau de la modulation des informations neurologiques.
On retrouve une composante hĂ©rĂ©ditaire dans la majoritĂ© des cas et l’hyperactivitĂ© peut aussi, plus rarement, ĂŞtre liĂ©e Ă  des sĂ©quelles d’atteintes neurologiques en bas âge (ie : la prĂ©maturitĂ©, une souffrance nĂ©onatale ou une maladie neurologique prĂ©coce d’origine infectieuse comme la mĂ©ningite).

Les facteurs environnementaux

L’environnement peut en moduler l’expression et l’Ă©volution. Par exemple, la prĂ©sence ou l’absence de support et d’aide pour pallier Ă  ce trouble peuvent entraĂ®ner de l’anxiĂ©tĂ©, des atteintes de l’estime de soi et des problĂ©matiques de comportement (opposition, dĂ©linquance).

Les symptĂ´mes

Inattention

– Il prĂŞte difficilement attention aux dĂ©tails, il fait des erreurs d’inattention.

– Il a du mal Ă  soutenir son attention.

– Il ne semble pas Ă©couter quand on lui parle directement.

– Il ne se conforme pas aux consignes ou ne termine pas ses tâches (sans qu’il s’agisse de comportements d’opposition).

– Il a de la difficultĂ© Ă  planifier et Ă  organiser ses travaux ou ses activitĂ©s.

– Il Ă©vite certaines tâches ou il les fait Ă  contrecoeur, surtout si elles nĂ©cessitent un effort mental soutenu.

– Il perd des objets nĂ©cessaires Ă  son travail ou Ă  ses activitĂ©s.

– Il est facilement distrait par des stimuli externes.

– Il fait des oublis frĂ©quents dans la vie quotidienne.

Hyperactivité motrice

– Il remue souvent les mains et les pieds, il bouge sur son siège.

– Il se lève souvent dans des situations oĂą il doit demeurer assis.

– Il court ou grimpe partout (en vieillissant : sensation de fĂ©brilitĂ© ou de bougeotte). 

- Il a du mal Ă  se tenir tranquille Ă  l’Ă©cole, au travail ou dans ses loisirs.

– Il est souvent fĂ©brile ou survoltĂ©.

– Il parle souvent trop.

Impulsivité verbale, motrice et sociale

– Il rĂ©pond aux questions avant qu’on ait terminĂ© de les poser.

– Il a de la difficultĂ© Ă  attendre son tour.

– Il interrompt souvent autrui, il impose sa prĂ©sence.



Adapté du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, Fourth Edition (DSM-IV), American Psychiatric Association, Washington DC, 1994.
 

Le diagnostic

Le parent seul ne peut Ă©tablir de diagnostic et il doit faire preuve de prudence dans ses recherches sur ce type de trouble, puisqu’une liste de symptĂ´mes peut nous permettre de « reconnaĂ®tre » Ă  peu près tous les enfants, mĂŞme les plus calmes, dans leurs moments plus difficiles, lorsqu’ils sont fatiguĂ©s ou excitĂ©s par une fĂŞte, par exemple.  Il y a donc toujours une question de frĂ©quence et d’impact sur le quotidien de l’enfant dont il faut tenir compte. Le TDAH a gĂ©nĂ©ralement des rĂ©percussions Ă  la maison, Ă  l’Ă©cole et dans les loisirs.
Le diagnostic est posĂ© par des spĂ©cialistes tels que des psychiatres, pĂ©dopsychiatres, neurologues ou neuropsychologues. Ils s’assureront que les symptĂ´mes s’apparentant Ă  ceux de l’hyperactivitĂ© ne sont pas causĂ©s par des traumatismes rĂ©cents, par une anxiĂ©tĂ© gĂ©nĂ©ralisĂ©e ou d’autres Ă©lĂ©ments qui auraient pu affecter la vie de l’enfant. Si vous avez des doutes, le mieux est d’en parler Ă  votre pĂ©diatre ou mĂ©decin de famille qui vous fera rencontrer un spĂ©cialiste. 

Dre Annick Vincent, spĂ©cialiste en TDAH (trouble de l’attention avec hyperactivitĂ©), vous propose, sur son site web, plusieurs questionnaires qui vous permettront d’Ă©valuer la situation de votre enfant. Mais ni vous, ni les professeurs de l’Ă©cole n’ĂŞtes en mesure d’Ă©tablir seuls un diagnostic valable.

La médication : bienfaits et effets secondaires

Plusieurs enfants se sentiront beaucoup mieux avec une mĂ©dication appropriĂ©e, telle que le Ritalin, le Concerta ou le Straterra. Ils vous diront qu’enfin les idĂ©es ne se bousculent plus dans leur tĂŞte, que les sons autour d’eux ne se mĂ©langent plus, qu’ils sont capables de se concentrer, d’Ă©couter leurs amis, leurs professeurs, de comprendre les consignes et pour certains, cette mĂ©dication pourra ĂŞtre très bĂ©nĂ©fique.
Il ne faut toutefois pas nĂ©gliger les effets secondaires possibles qu’engendre souvent la prise de ces mĂ©dicaments tels que la perte d’appĂ©tit, l’insomnie, l’anxiĂ©tĂ©… qui donnent Ă  rĂ©flĂ©chir. Mais que le parent choisisse de mĂ©dicamenter ou non son enfant, des stratĂ©gies peuvent ĂŞtre mises en place pour maximiser les interventions et allĂ©ger un peu le quotidien de tous.

Les tableaux pour s’organiser

Un enfant hyperactif est dĂ©sorganisĂ©. Dressez-lui, dans chaque pièce s’il le faut, une liste de choses qu’il doit faire en les illustrant Ă  l’aide d’icĂ´nes et de dessins s’il est petit et de phrases courtes s’il est en mesure de lire. Il pourra s’y rĂ©fĂ©rer au besoin. Par exemple, dans l’entrĂ©e, posez une feuille avec les instructions pour la routine d’arrivĂ©e de l’Ă©cole :
1. Enlève ton manteau et tes bottes
2. Range ton manteau et tes bottes
3. Lave-toi les mains
4. Sors tes devoirs et leçons.
Ces instructions peuvent sembler anodines, mais pour un enfant atteint de TDAH, ça demande tout un effort de se souvenir de ces dĂ©tails. Il pourrait mĂŞme ĂŞtre rĂ©compensĂ© s’il arrive Ă  suivre les Ă©tapes, sans aide, sans intervention.

Un horaire fixe, une routine

il est si difficile pour un enfant hyperactif de faire ce que l’on attend de lui qu’il est bon de privilĂ©gier un horaire fixe, une routine. Avec le temps, il exĂ©cutera ses tâches presque avec automatisme et les prises de bec seront moins frĂ©quentes et moins fortes… pourvu que rien de distrayant ne se soit placĂ© sur son chemin!

Des règles claires et bien établies

Un enfant TDAH est souvent aux prises avec des troubles de comportement. Dressez une liste des comportements qui sont inacceptables et une liste de ceux auxquels vous vous attendez, sans ambigĂĽitĂ©. Affichez-les dans un endroit oĂą il pourra les voir et surtout, ne dĂ©rogez Ă  aucune règle, mĂŞme si tout commence Ă  aller mieux. On a bien envie de lâcher prise parfois, la discipline est exigeante, mais il suffit d’un simple petit Ă©cart pour ĂŞtre obligĂ© de recommencer.

Soyez flexible

Un enfant hyperactif a besoin de beaucoup de constance. Toutefois, une trop grande rigiditĂ© peut crĂ©er chez lui de l’opposition et engendrer de l’anxiĂ©tĂ©. Acceptez qu’il a ce trouble et n’exigez pas trop de lui. Ne jetez pas non plus la serviette puisque votre enfant aura besoin de vous pour l’organiser, lui donner des trucs, des mĂ©thodes qui pourront lui servir toute sa vie. Le plus difficile est de maintenir un Ă©quilibre entre constance et flexibilitĂ©. Tout un dĂ©fi!

Donnez des instructions, des explications simples et courtes

Afin d’Ă©viter les frustrations de toutes parts, quand vous faites une demande Ă  votre enfant, Ă©vitez les explications qui n’en finissent plus. Il vous aura abandonnĂ© depuis longtemps. Donnez des consignes courtes et concises, demandez-lui de vous regarder dans les yeux et faites-lui ensuite rĂ©pĂ©ter ce que vous venez de dire, question de voir s’il a bien saisi, mais aussi afin que l’information s’enregistre comme il se doit.

Apprenez-lui Ă  toujours ranger ses jouets après s’en ĂŞtre servi

Si votre enfant sort un jouet, c’est que le prĂ©cĂ©dent a Ă©tĂ© rangĂ©. Faites-en une condition. Tous les soirs, faites-lui faire un « tour des jouets » dans chaque pièce de la maison, pour qu’il ramasse ce qu’il a sorti. Cette routine deviendra tranquillement un rituel, mais il faudra ĂŞtre patient.

L’approche 1-2-3

Donnez-lui une chance. Quand vous donnez une consigne Ă  votre enfant, assurez-vous qu’il a bien compris. Ensuite, rĂ©pĂ©tez la consigne en ajoutant « une fois », puis, s’il ne l’a pas encore exĂ©cutĂ©e, ajoutez « deux fois » et avertissez-le qu’Ă  trois, il ira en pause. Le nombre de minutes de pause correspond Ă  son âge (cinq ans, cinq minutes.)
Il apprendra rapidement Ă  rĂ©agir quand il entendra une fois, deux fois… Bien sĂ»r, au dĂ©but vous aurez Ă  gĂ©rer des crises et vous aurez l’impression qu’il est toujours en « consĂ©quence », mais s’il a bien compris la technique, elle deviendra rapidement efficace.

Le système de récompenses, privilèges

Ils ont tellement l’impression de vivre Ă©chec après Ă©chec qu’il faut mettre l’accent sur leurs rĂ©ussites. Mettez sur pied un système de rĂ©compenses en fonction des règles que vous avez Ă©tablies ou des dĂ©fis que vous lui fixez.  Par exemple, s’il ramasse ses vĂŞtements ce soir, un point, s’il ne fait pas de crises cet avant-midi, 1 point.
Les points cumulés peuvent donner droit à un privilège comme écouter la télévision plus longtemps, choisir un repas de la semaine ou jouer avec vous à son jeu favori. Rappelez-vous de fixer des délais assez courts entre le moment où vous commencez à comptabiliser les points et la récompense. Sinon, il sera découragé et vos efforts seront sans résultats.

La course contre la montre

Faites-lui effectuer ses tâches sous forme de jeu en lui faisant, par exemple, faire une course contre la montre. « Tu as deux minutes pour te dĂ©shabiller et te mettre en pyjama! » Arrangez-vous pour qu’il soit vainqueur quand vous voyez qu’il met beaucoup d’efforts, afin de lui permettre une rĂ©ussite. Un enfant qui aime bouger verra dans ce dĂ©fi un plaisir plutĂ´t qu’une corvĂ©e.

RĂ©duisez les stimuli

La tĂ©lĂ© et l’ordinateur l’Ă©nervent souvent plus qu’autre chose, et il est ensuite difficile de le ramener au calme. Il est encore plus important de faire des choix intelligents d’Ă©missions ou de jeux que pour les autres enfants, puisqu’ils sont comme des buvards qui aspirent l’Ă©motion autour d’eux.
L’environnement a d’ailleurs beaucoup d’influence sur leur niveau « d’excitabilitĂ© ». Si vous ĂŞtes nerveux, ils le deviendront rapidement. S’il y a trop de bruits ou de mouvements autour d’eux, ils auront davantage tendance Ă  s’Ă©nerver.

Les devoirs

Les devoirs représentent souvent un moment pénible pour tout le monde! Vous trouverez sur ce site, 50 trucs pour la gestion académique du TDAH.

Prenez du temps de qualitĂ© avec eux : les moments d’impatience sont tellement frĂ©quents qu’il n’est pas rare que parents comme enfant se couchent le coeur gros, convaincus qu’ils ne sont pas Ă  la hauteur. Le soir, faites une rĂ©trospective de ce qui a bien Ă©tĂ© dans la journĂ©e. Essayez, mĂŞme si ce n’est pas toujours Ă©vident, de trouver trois bons coups que votre enfant a faits dans sa journĂ©e. Par exemple : il a aidĂ© sa soeur Ă  faire son casse-tĂŞte, il a bien Ă©coutĂ© les consignes pour les devoirs, il a fait de beaux câlins Ă  papa… Bref, cherchez les bons moments! 

Enfin, n’oubliez pas que toute bonne stratĂ©gie a malheureusement un temps de vie limitĂ©. Elle fonctionne un moment et on doit en changer quand elle n’apporte plus de rĂ©sultat.

Les ressources

Il est Ă©puisant de vivre avec un enfant hyperactif, d’ĂŞtre constamment sur le qui-vive, de rĂ©pĂ©ter sans cesse des consignes sans avoir l’impression d’ĂŞtre entendu. Certains enfants atteints de TDAH sont aussi souvent des enfants anxieux ou opposants et il n’est pas rare que les journĂ©es et les soirĂ©es se terminent en vĂ©ritable cauchemar avec crises d’hystĂ©rie et de nerf au programme. Il existe heureusement des endroits oĂą les parents peuvent Ă©changer avec d’autres parents et apprendre des techniques facilitant la gestion du quotidien. Au QuĂ©bec, l’Association Panda (Parents aptes Ă  nĂ©gocier avec le dĂ©ficit de l’attention avec ou sans hyperactivitĂ©) vient en aide aux parents dont les enfants souffrent de TDAH. On en trouve dans plusieurs rĂ©gions.

Plus tard…

Pour la moitiĂ© des enfants atteints, les symptĂ´mes disparaĂ®tront Ă  l’adolescence ou au dĂ©but de l’âge adulte. Les autres garderont les symptĂ´mes dans leur vie adulte. Mais avec des outils, des stratĂ©gies, parfois de la mĂ©dication appropriĂ©e ou de l’aide psychologique, ils apprendront Ă  vivre avec ce trouble de plus en plus documentĂ©.

Source : Violaine Dompierre, Ă©ditrice Canal Vie, http://www.canalvie.com/etre-parent/articles/enfant-hyperactif-comprendre-accepter-et-agir-527/

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